Aujourd’hui, parlons un peu de thés relativement méconnus du grand public: Les thés du Vietnam. Ce pays ne vous viens probablement pas en tête lorsque vous pensez « Grands Crus ». Et pour cause: bien que sixième producteur mondial, le Vietnam souffre de sa triste réputation de producteur en C.T.C. Pourtant, les choses changent! l’observation du succès de leurs voisins chinois sur la production de thés d’exception pousse de plus en plus d’artisans vietnamiens à se réinventer.
Au Vietnam, le thé est cultivé principalement dans les région de Lao Cai et Ha Giang au nord du pays. Cet espace géographique présente une certaine uniformité avec le sud du Yunnan (Chine), le nord de la Thaïlande, du Laos et du Myanmar (zone également connue sous le nom de Triangle d’Or) correspondant au berceau historique du thé (vous avez sans doute entendu parler de la forêt du Xishuangbanna). Ce terroir est propice à la croissance du théier: zone d’altitude et de montagne, Chaleur (nous sommes en zone subtropicale), humidité apportée par la brume et présence d’un écosystème riche et varié. Dans ces jungle luxuriantes, les théiers ont tout pour être heureux.
On peut y rencontrer des théiers particulier qui vont servir à confectionner des thés tout à fait particuliers. Ceux-ci ne sont pas cultivés en jardins bien ordonnés comme au Japon ou à Darjeeling: il s’agit de théiers sauvages ou plutôt semi-sauvages. En effet, cette zone est remarquable par son histoire. Le nord du Vietnam (comme celui du Laos et le sud du Yunnan) faisait naguère partie du Royaume autonome du Xishuangbanna vassal de l’Empire Ming Chinois. De ce fait, la culture du thé y a pris une voie un peu différente. Cette région était habitée par une myriade de petites ethnies (Hmong, Tay, Dao,…) qui au grès des invasions chinoises se sont beaucoup déplacées. Celles-ci auraient planté des jardins de thés qu’elles ont souvent été contraintes à d’abandonner laissant les théiers vivre leur vie seuls dans la forêt (d’où le terme de « semi-sauvage »).
Les thés produits dans cette régions sont souvent qualifié de Shan ou Shan Tuyet (Shan = Montagne et Tuyet = neige, enneigé) appellation qui relève à la fois de leur localisation, de l’aspect de leur feuilles mais aussi de la variété des théiers sur lesquels ils ont été récoltés.
Pour ce qui est de la localisation, comme je l’ai écrit plus haut: les régions de thé au Vietnam se situent dans les province septentrionales de Ha Giang et Lao Cai. Celles-ci sont couvertes de montagnes. À présent que nous savons que Shan signifie montagne, nous nous en doutions. Ce qui est important à comprendre c’est qu’il ne s’agit pas d’une montagne en particulier mais d’un ensemble de reliefs compris entre 900m et 2 000m d’altitude. Ces conditions topographiques créent un ensemble de facteurs favorables à la culture de bons thés: alternance entre soleil (et UV puissants), et tamisage naturel apporté par la brume productrice également d’humidité.
Les feuilles récoltées sur ces arbres sont tout à fait singulières en ceci qu’elles sont recouvertes d’un fin duvet blanc chargé en acides aminés qui ont pour fonction de protéger les bourgeons les plus jeunes du froid mais aussi de la morsure des insectes et des U.V.
Les théiers sur lesquels poussent ces feuilles sont également remarquables. Ils appartiennent à une variété rare et endémique qui n’est ni Sinensis var. Sinensis, ni Sinensis var. Assamica mais Sinensis var. Shan. Cette particularité va bien évidement intervenir dans la singularité de ces thés vietnamiens.
Les thés Shan Tuyet peuvent être manufacturés en toutes sortes de « couleurs » sans autre appellation spécifique. On en rencontre le plus souvent des verts et des noirs mais il en existe également des blancs, des semi-oxydations, des thés fermentés mais même des thés hybrides entre deux couleurs conventionnelles.
Notons également qu’au Vietnam, le thé vert (parfois noir) peut être parfumé naturellement par contact avec des pistils de lotus. Il sera traditionnellement bu pour les festivités du nouvel an.