Ces thés thaïlandais réalisés comme des thés taïwanais par des chinois…

Ceux d’entre vous qui ont déjà eut la chance de tester des thés originaires de Thaïlande l’auront peut être-être déjà remarqué: ils ont un air de déjà vu ! Déjà vu car ils vous rappellent les oolong de Taïwan comme le milky ou le dong ding, ou déjà vu car ils vous évoquent les anxi tie guan yin chinois. Ceci n’est pas le fruit du hasard mais bien le résultat d’un cheminement historique particulier et tout à fait intéressant !

la clef de compréhension de cet état de fait est simple: tous ces thés sont généralement produits par des artisans d’origine chinoise. Vous n’êtes pas sans le savoir, vers la fin de la première moitié du XXème siècle, la montée en puissance de Mao Zedong n’est pas au goût de tous et crée de vives tension en Chine continentale. Le Guomindang (ou Parti nationaliste chinois) se voit contraint de s’exiler sur l’ile de Taïwan avec bon nombre de ses partisans. Cependant, tous ne peuvent pas les y suivre. Des militaires yunnanais fuient en Birmanie avec leur familles d’où ils continuent à mener des actions contre le Parti communiste chinois. Là, ils se lancent également dans la culture de l’opium afin de financer leurs activités et faire vivre leur familles.

Avant qu’il ne soit longtemps, le vent tourne; la Birmanie se rapproche de la Chine et ces populations doivent quitter le pays. Ils traversent la frontière pour se retrouver dans le nord de la Thaïlande où ils sont accueillis à bras ouvert par le roi Rama IX. En effet, ce dernier à une plan pour l’ancien Royaume de Siam. Son objectif est clair: revaloriser les montagne du nord du pays alors sous la coupe de la culture du pavot en rehaussant le niveau de vie (notamment en facilitant l’accès au soins de santé et à l’enseignement), procéder à la reforestation et améliorer les méthode agricole en les faisant s’ouvrir à des méthodes plus écoresponsables.

À cette fin, Rama IX a besoin de nos amis chinois en exile. Pour s’intégrer dans se nouveau pays et répondre au défit qui leur est lancé, ils font appel à leurs amis chinois d’outremer restés fidèles au Guomindang basés à Taïwan. Ces derniers (aidés par d’autres chinois déjà émigrés du Fujian depuis le XIXème siècle) sont devenus experts dans la culture et la production de merveilleux thés oolong. Ils étaient tout disposés à envoyer des graines et des pieds de théiers taïwanais en Thaïlande et à transmettre leur savoir-faire.

C’est ainsi que les Chinois de Thaïlande ont commencés sur toute la fin du XXème siècle à cultiver des théiers en tables de cueillette dans des jardins de thé comme à Taïwan, à utiliser des cultivars spécifiques (Jin Xuan, Qing Xin, Si Ji Chun, Cuy Yu) comme à Taïwan et à produire des oolong en perles comme à Taïwan MAIS le tout avec un savoir faire bien chinois.

Encore aujourd’hui, ces artisans au parcours tellement original produisent des thés d’exception qui ne demandent qu’à être découverts.

Pour être tout à fait complet, il faut néanmoins remarquer que depuis quelques années ces producteurs s’intéressent également à des théiers anciens indigènes de la région (type assamica ou sinensis var. shan) sur lesquels ils tentent de nouvelles choses et commence à créer une identité propre au thé thaïlandais.

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